Photos souvenirs page 12
Les Photos suivantes sont de Hugues Bouvard
Il y a 50 ans, j'avais 25 ans...
1957-1958
En février 2008, après m'avoir acheté mon livre, Hugues m'adressait ses souvenirs.
Observateur-pilote sur Piper à l'A.L.A.T. (Aviation Légère de l'Armée de Terre). son parcours le conduisit dans les Aurès Némenchas, où il participa aux diverses activités de l'armée de l'air dans ce secteur, notamment le guidage de nos troupes au sol en cours d'opérations.
Le vrombissement du moteur d'un Piper nous mettait en alerte, et me reste toujours en mémoire. Dès son apparition dans notre secteur, nos yeux se rivaient sur ses inlassables allées et venues au dessus des montagnes que nous encerclions. Lorsqu'il larguait un fumigène non loin de nous, nous signalant la présence des Fells, un grand moment de tension s'emparait de nous. En liaison radio avec lui, nous marchions en silence guidés par ce Piper vers l'accrochage imminent..
Hugues Bouvard à Batna avant un départ de mission.
Il était une fois dans les Aurès, ou ailleurs...
Alain Ribon et Hugues Boubard, votre serviteur sortirent Aspis de l'Ecole d'Artillerie de Chalons sur Marne fin décembre 1956 et purent par leur classement choisir à l'amphi Garnison, comme affectation. le GAOA 3 de Sétif.
Nous voilà le 7 janvier 1957, sur le quai de la gare de Sétif, accueillis par le Bricard-chef ROBERT.
A Sétif nous faisions nos classes d'Observateurs, puis notre stage CPAP de Pilotes (nous étions brevetés 1er et 2ème degré Avions, dans le civil !), et ainsi nous nous trouvions prêts pour la bataille. Alain est muté au détachement de BATNA, (Auèrs-Némenchas), détachement qui a déjà une très certaine notoriété dans le métier ! Pour ma part, j'ai quelques difficultés avec le Capitaine DURAND, commandant l'Escadrille de Sétif qui souhaitait bien me garder. Tout s'arrange avec un peu de chantage... (pardonnez-moi mon Capitaine), et finalement je rejoins et Ribon et BATNA le 06 juin le Bricard-Chef ROBERT, futur pilote de 747 dans le civil, m'y conduisit avec armes et bagages. Une U.S. M1, un colt 45 et une valise...
Durant mon temps à Sétif, une fois terminés les périodes de formation, j'eus l'occasion de faire quelques missions opérationnelles sur la Région de Sétif, la Kabylie... J'eus l'occasion, en particuliers, de me faire tirer dessus !!! Et aussi malheureusement de faire une bien triste Mission Photo ! Je fus un jour, je n'ai plus la date exacte, commandé comme "photographe" dans la commission d'enquête Armée de l'Air, qui se rendit en Hélico Sikorski, sur le lieu d'un "Parpaing" de la Kabylie. Il y avait du monde dans cet Hélico, posé sans problème. J'étais muni d'une caméra K 20 ou 24, je ne sais plus, le spectacle était HORRIBLE. Il s'agissait de 2 P 47 de Télergma qui avaient percuté la montagne Kabyle. En fait il y avaient eu 3 P 47en basse altitude, pris par les très bas nuages, ont rentrés droit dans la montagne sauf que, l'un des trois était passé au dessus de la couche, sauvant ainsi sa peau ! Je pris les photos demandées, les appareils et les restes des 2 Pilotes étaient éparpillés sur la pente, ce fut, je le répéte, horrible. Je fis mon travail !
Pour repartir, nous étions en altitude et trop nombreux pour la charge tolérée de ce niveau. Problème ? Résolu par les pilotes, ils se rapprochèrent à vide, de la limite de la corniche, nous montâmes, puis à pleine puissance de son moteur l'hélico se leva un peu et, et... plongea pour reprendre son vol normal. OUF!!! Je ne me rappelle pas du nom de l'Equipage, mais BRAVO !
Départ de mission : Le S/Lt Hugues Bouvard
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Commençons par bien définir ce qu'étaient les missions d'un Équipage"Piper".
-1) Accompagnement de troupes sur une Opération programmée.
Le matin du jour Ops. si nous n'avions pas reçu les ordres la veille, nous rendre à la vertical du P.C.Opérationnel et prendre les ordres c.a.d. la disposition par exemple des différentes Unités, leur indicatif Radio, leurs missions, puis les reconnaître sur leurs positions de départ ou leurs encours actuels. Puis commencer les reconnaissances de la zone en basse altitude. là les 2 paires d'yeux de l' équipage sont très utile, c'est la force primordiale d'un équipage.
-2) Accompagnement de convois.
Missions qui peuvent paraître lassantes et fort peu rentables, mais qui se révélèrent quelquefois très utiles !
Il s'agit de surveiller la route que va prendre le convoi, pour relever les anomalies du terrain, anomalies qui peuvent être faites par la pose d'explosifs, puis fouiller les alentours de la route dans la recherche d'embuscades possibles. Si nécessaire faire appel à des moyens Air, chasse pour "nettoyer" un lieu, puis héliportage d'un élément ou "straffing" d'un endroit, ouvert au feu, ('il est bon de le savoir, cela peut éviter de fâcheuses méprises !). Souvent nous profitions de la mission pour larguer "le courrier" au passage, sur différents postes isolés, souvent a lagrande joie des intéressés ! etc..
-3) Les R.A.V.
Il s'agit là, sur odre de fouiller une zone pour y relever des mouvements anormaux de population, des traces de campements de groupes passagers, enfin d'essayer de trouver toutes anomalies justifiables dans un délai plus ou moins grand d'une opération. Cela se passe en "rase motte" ou tout au moins à l'altitude la plus basse permise par la topographie du terrain reconnu ! Là aussi nous larguions des courriers.
-4) Les liaisons
Là il s'agit de conduire un passager sur tel ou tel endroit. Nous devenons des "Pilotes de ligne" Cela fait des heures de vols pour le Pilote désigné !
T 6 Escadrille de Batna : "Les Marquis chasseurs"
Sous les T 6 Les mécanos arment les roquettes et SNEBS.
os indicMistral de Télergma : A court de "pétrole" se ravitaille à BATNA.
En cours d'opération, le Piper est en contact Radio en permanence avec les troupes au sol.
Le terrain de Batna : Ma Mère !! Si tu voyais ton fils !!!
BATNA base aérienne des Aurès-Némenchas.
Préparation de défilé le 11 nvembre 1957
La Préfecture de BATNA
Le détachement de Batna est commandé par le lieutenant De Baillenx, ancien de la Légion. C'est lui qui me pilote sur ma première mission opérationnelle le 8 juin 1957, sur le Kef Chelala. Ce jour là je prends mon indicatif Radio, indicatif qui me suivra jusqu'à la fin de ma période Algérienne, "Piper Tango" Pilotes et observateurs, à Batna, nous avions tous un nominatif personnel.
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La vie à BATNA n'était pas de tout repos. Dès la deuxième opération, toujours piloté par De BAILLENX, je fais une connaissance plus précise avec nos ennemis : 2 impacts. C'était sur le Ras el Kerf, dans la région de kenchela. Résultat : 13 Rebelles au tapis et 13 armes récupérées, le 13 juin 57. Les opérations étaient nombreuses et variées, souvent dures et violentes. De beaux tableaux, mais aussi de la casse chez-nous. Heureusement nous avions de très bons pilotes, et les troupes au sol, étaient bien commandées et rodées à ce genre de combats et de terrain.
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Le pauvre Alain, le jour ou nous allions arroser nos galons de sous-Lieutenant, a eu son appareil fortement touché (sept impacts!!!) sur une opération où il y avait déjà un T 6 abattu, crashé!!! Le C.R. des blessures de Ribon fut établi par le Lt Mazier qui commandait alors provisoirement le détachement. Ribon fut d'abord hospitalisé à BATNA, puis évacué sur PARIS Val de Grâce. Nous nous revimes en 1960 à un rassemblement ALAT à DAX, où des mains du Commandant MERGAULT, il reçut une légion d'Honneur tardive mais bien méritée. Le Commandant me fit aussi l'honneur de me remettre la valeur Militaire pour ma 2ème citation. Alain est maintenant disparu !!!
J'ai quitté les Aurès-Némenchas, le P.A. 21.D.I. BATNA et tous mes camarades,anciens du GAOA 3 et nouveaux du P.A. 21.D.I. le 3 janvier avec beaucoup de regrets.. Au revoir Lelandais, Debraux, Koch, Tomathis, Bonnetau, Néolas, Laporte, Darriet, Miélot, etc.. que les oubliés me pardonnent. C'était il y a 50 ans ! déjà. Je fus libéré et retrouvais la France continentale que je n'avais pas vu depuis 15 mois.
En résumé qu'ais-je fait durant un peu plus de 15 mois en Algérie : 3 mois de formation Observateur, certification Pilote et mise sur opération à Sétif, Kabylie, puis 12 mois en opérations Aurès, Bechar, Hassi-Méssaoud, Guelma Est algérien, Mais surtout "Mon Devoir".Appelé et maintenu par des Ministres Socialistes, ceci pour la petite histoire ! et cela pour la gloire... et pour des prunes d'ailleurs ! Comme dans toutes les guerres n'est-ce pas ! 703 heures de vols militaires sur l'Algérie, valeur Militaire 2 citations, plusieurs trous sur différents Avions, dans différentes missions opérationnelles, mais rien sur moi, par chance !
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Hugues nous a quitté pour s'en aller là haut, bien plus haut qu'il ne le faisait aux commandes de son piper, en survolant notre progression dans les méandres des Aurès.
Nous avions fait connaissance par internet, cette technologie nouelle, qui permet bien des retroubailles. Depuis quelques années, nous avions tissé des relations d'amitié en forment un petit groupe d'anciens ayant effectués notre service militaire dans les Aurès. Bien que nous appartenions à des régiments différents, nous avions pris l'habitude de communiquer entre nous, d'échanger nos souvenirs, et même, parfois de nous rencontrer.
Mon cher Hugues, si tu nous vois de là haut, continue de suivre l'évolution de notre petit groupe, et sache, que pour nous rien ne changera grâce à tes photos sur mon site, tu seras toujours présent parmi nous.
Vous pouvez poursuivre votre information sur l'A.L.A.T.; avec les récits de Pierre Bernier appelé du contingent.
Bernard Soetemondt
CL 61/1B incorporé le 3 mars 1961 à Reims au 1er BCP caserne Jeanne d'Arc, affecté au 94e RI dans les Aurès de 1961 à octobre 1962, recherche également ses camarades de régiment.
Voici ses photos :