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Un peu d'Histoirepage5

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Ancre 1

La guerre s'enracine pendant l'été 1955

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La guerre continue. Le 19 mai à Khenchela la tension reste extrême. Aux élections cantonales d’avril, les consignes d’abstention données par le FLN ont été suivies à 60% dans le Constantinois. Le soulèvement qui éclate autour de Philippeville et Constantine le 20 août 1955, est marqué par des atrocités qui touchent la population européenne. A Philippeville à 10h 15, les autorités sont avisées d’un mouvement imminent. L’armée intercepte deux camions remplis de bombes et de récipients d’essence. De la périphérie, par le faubourg de l’Espérance puis par la rue Clemenceau, l’artère principale de la ville, débouchent les émeutiers. Des civils sont massacrés, le champ d’aviation attaqué. Au bout de 40 minutes, des unités de parachutistes et de police interviennent et dégagent le quartier européen sur le point d’être investi. Il faut 5 heures d’assaut pour déloger à la grenade et à la mitraillette, des hommes retranchés tirent sur les Européens et Musulmans. A Constantine, huit bombes sont lancées quasi simultanément. La première éclate à 11h 45, dans un café restaurant, touchant 14 personnes. Le neveu de Fehrat Abbas est abattu dans sa pharmacie. A l’hôpital de Constantine, des femmes, des garçonnets, des fillettes de quelques années, les doigts sectionnés, la gorge à moitié tranchée gémissent dans l’attente de soins. A la mine de pyrites d’El-Halia, aux environs de Philippeville, les ouvriers européens, leurs femmes et leurs enfants, furent littéralement mis en pièces dans un déchaînement incroyable de sauvagerie.

Les conséquences des massacres du Constantinois sont incalculables et vont rendres irréversible le processus de guerre.

Les Européens horrifiés, se dressent désormais en bloc contre les musulmans. L'action du F.L.N. devient pour eux synonyme de massacres, et attendent des autorités une action énergique de répression. De leur côté, les musulmans, indignés par la répression aveugle dont ils ont fait l'objet, passent dorénavant massivement dans le camp du F.L.N., même les plus modérés, comme Ferhat Abbas, pris entre le rejet des Européens et l'intimidation du F.L.N. qui les menace directement, sont contraints de choisir leur camp. Le F.L.N. veut ainsi accroître son emprise à toute l'Algérie et étendre la guerre au pays entier.

Venu sur place, Soustelle, bousculé, conspué, est bouleversé, fait passer au second plan ses objectifs de réformes considérant que sa tâche prioritaire est dès à présent de rétablir l'ordre. Il ne veut plus entendre parler de négociations avec le FLN. Vincent Mansour Monteil le quitte. Rentré à Alger, Soustelle n’écoute plus que les tenants du retour à l’ordre à n’importe quel prix.

La guerre passe ainsi au premier plan.

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Peu de parents pour les obsèques des victimes du 20 août. Parmi les morts des familles entières

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Dans l’Aurès, les rebelles s’étaient implantés et exerçaient une répression brutale sur la population, n’hésitant pas à massacrer leurs coreligionnaires favorables à la cause française, anciens combattants en particulier. Les bandes regroupaient 500 à 600 rebelles, servis par 1500 valets, ravitailleurs, agents de renseignements ou de liaison.

En Kabylie, 200 fanatiques se livraient surtout à l’attaque des isolés et quelques groupes récemment formés attaquaient les postes militaires. Ils recrutaient sous la menace et payaient des tueurs professionnels bien connus de la police et que fournissait la pègre d’Alger.

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Une section rebelle, dans le col du Djurdjura. Après la mort du chef rebelle des Ouacifs,

Amirouche prend le commandement et rassemble les hommes en désarroi.

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Les Djounoud (combattants) d'Amirouche à l'heure de la prière dans les fôrets de l'Akfadou.

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Les femmes, jeunes filles et enfants furent enrôlés par le F.L.N.

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Début 1956, le nouveau chef de gouvernement, Guy Mollet, tenta de s’engager dans une voie nouvelle. Après avoir affirmé que l’Algérie était et resterait indissolublement liée à la France, il envisageait de donner une solution au conflit par des réformes, dont une évolution vers un nouveau statut. Librement discuté avec les représentants élus du peuple algérien. A cela existait un préalable : "la pacification pour éliminer l’insurrection, le cessez-le-feu, élections, négociations". La France accepte de négocier le sort de l'Algérie, mais avec des interlocuteurs désignés par des élections libres, or celle-ci ne sont possible qu'une fois instauré le cessez-le-feu, c'est à dire le F.L.N. vaincu. Comme en Indochine en 1946, la recherche d'un "interlocuteur valable" conduit à donner la priorité à l'action militaire, puis l’assurance que les représentants élus des Algériens ne réclameraient pas l’indépendance. La clef de ce processus étant l’écrasement de l’armée de libération, les considérations militaires, prenaient une importance nouvelle. Dans cette optique, Guy Mollet décide de remplacer le gouverneur général Jacques Soustelle, maintenant gagné à une solution militaire, par un ministre résidant en Algérie, poste qu'il confie à un libéral, le Général Catroux.

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La nomination de Catroux est prise comme une véritable provocation par les français d’Algérie ; Une campagne de presse se déchaîne contre les « bradeurs d’empire », un comité de défense de l’Algérie française prend les choses en mains. On y trouve, Robert Martel, Pierre Lagaillarde, Joseph Ortiz.

Le 6 février, Guy Mollet se rend lui-même à Alger pour installer le ministre résident. Accueilli par des manifestations hostiles des colons qui veulent à présent conserver Soustelle, conspué il est pris à partie par la foule algéroise, déconcerté par une démonstration à laquelle il ne s’attendait pas, il cède dans l’heure et substitue au général Catroux un camarade du parti socialiste, Robert Lacoste, et définit une politique algérienne qui tient compte des angoisses des Européens, affolés par l'idée d'un abandon de la métropole.

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Mendès-France et Guy Mollet, au lendemain de leur victoire électorale de 1956. La réalisation du programme du

front républicain rencontre déjà de grosses difficultés dues à une opposition irréductible et violente en Algérie

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En mars 1956, l'Assemblée Nationale (communistes compris) vote massivement au gouvernement des pouvoirs spéciaux pour mettre en œuvre cette politique. Guy Mollet présente un train de mesures appelées « les pouvoirs spéciaux », le gouvernement disposera en Algérie des pouvoirs les plus étendus pour prendre toute mesure exceptionnelle commandée par les circonstances en vue du rétablissement de l’ordre, et la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire.

L’appréciation du champ d’application des décrets étant confiée au ministre résidant en Algérie, Robert Lacoste, et aux forces du maintien de l’ordre, la lecture de la loi va très vite sortir du domaine juridique pour n’être plus qu’une couverture de l’action que celle-ci soit policière ou militaire.

Les dernières velléités de négociations disparaissent lorsque le gouvernement couvre, en octobre 1956, une initiative de l'armée qui détourne l'avion de plusieurs dirigeants du F.L.N. (dont Ben Bella) avec lesquels la France était en contact depuis l'été, et procède à leur arrestation.

Un seul ministre, le socialiste Alain Savary, responsable des affaires tunisiennes et marocaines, donne alors sa démission (Mendès-France, maintenant partisan d'une négociation en Algérie, a quitté le gouvernement en mai 1956), mais plusieurs membres du ministère manifestent leur malaise.

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Les décrets du 12 avril 1956

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Les décrets du 12 avril 1956, signés de Guy Mollet et de Bourgès-Maunoury, servent de cadre à une véritable mobilisation qui ne s’avoue pas. Le décret 56-374, portant rappel de disponibles et de certains officiers et sous-officiers de réserve. L’effort militaire exceptionnel qui conduisit à engager en Algérie la plus grande partie de l’armée ( plus de 400 000 hommes), le rôle de plus en plus considérable attribué à ses chefs, eurent pour résultat d’introduire dans le jeu un partenaire nouveau. L’armée avait été appelée pour vaincre, l’affaire algérienne devint son affaire. La négociation avant la victoire complète serait un désaveu, une atteinte à son honneur. C’est bien ainsi que l’entendaient les français d’Algérie.

Résolu à remporter un succès militaires décisif, le gouvernement s'engage dans une lutte à outrance en Algérie. Le maintien sous les drapeaux d’appelés à la veille d’être libérés, l’envoi de rappelés qui rentrés chez eux, ayant retrouvés la vie civile sont de nouveau mobilisés pour une durée indéterminée. Alors commence entre la métropole et l’Algérie au départ des ports de Marseille et de Port-Vendres, un ballet incessant de navires récupérés pour la cause. Ainsi à quai à Port-Vendres le bateau El Mansour , un ancien moutonnier désarmé en 1953 pour insécurité, allait pourtant durant des mois assurer la rotation des hommes sur Oran.

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Les renforts arrivent, les promeneurs se rassemblent en agitant mouchoir et chapeau,

et crient bonjour en chantant des airs de bienvenue.

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26 000 appelés arrivent en renfort en Algérie par pleins bateaux. Ils y découvrent des quais éclaboussés

de soleil où ils débarquent avec armes et bagages. Les rappelés sont accueillis avec des grandes manifestations d'affection de la part des pieds-noirs pleins d'espoir.

Bientôt, ces appelés connaîtront Les Aurès, la Kabylie, le Constantinois...

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Les opérations deviendront pour eux la principale de leurs activités.

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Les battages dans une ferme arabe. On bat encore sur l'aire, où les chevaux tournent en rond, les yeux bandés, à cause du vertige.

si le fermier est un "ami" de la France, un matin, on le retrouvera égorgé. Ses chevaux plus utiles, auront été volés

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Une mitrailleuse fouille un paysage de pierraille et de broussailles.

C'est une des scènes classiques de cette guerre.

Sur place Robert Lacoste, inamovible ministre résident jusqu'en 1958, laisse en fait l'armée conduire à sa guise le conflit et transforme l'Algérie en une véritable province militaire. Les frontières avec le Maroc et la Tunisie par où transitent les hommes et les armes à destination du F.L.N. sont hermétiquement fermées par des lignes de barbelés dont les garnisons font la chasse aux commandos qui tentent de s'infiltrer.

A l'intérieur du territoire algérien, l'armée française procède au quadrillage du pays, tout en pratiquant également une activité d'assistance sociale (alphabétisation, soin médicaux...) ainsi qu'une action psychologique afin de tenter de gagner les populations à une solution française du conflit et d'isoler le F.L.N.

Les deux années qui suivent l’instauration du régime des pouvoirs spéciaux furent les plus difficiles de la guerre. L’armée française n’est pas adaptée à la guérilla, les engins blindés s’enlisent en grande Kabylie et ne peuvent servir d’appui feu. L’armée française doit calquer son combat sur celui de l’adversaire.
La victoire tardant à venir, l’opinion métropolitaine se lasse d’un effort trop lourd et trop prolongé, enfermant les gouvernements successifs dans deux tendances antagonistes et sans issue.

Le gouvernement Guy Mollet et les moribonds qui achèveront, bientôt, la IVe République, font l’objet de critiques.

Le 18 mai 1956. 21 soldats du 9e régiment d’infanterie coloniale tombent dans une embuscade près de Palestro. Les hommes sont des rappelés de la région parisienne arrivés à Alger deux semaines plus tôt. Il est 11h 30 du matin et les « fells » tirent à trente mètres. Le sous-lieutenant Hervé tombe un des premiers avec le radio. Il y aura deux rescapés que les fellaghas feront prisonniers : Jean David Nillet et Pierre Dumas. Nillet sera tué cinq jours plus tard au moment où le 1er REP et le 20e BCP donnent l’assaut aux grottes de Tifrène et libèrent en le blessant Pierre Dumas. Les deux prisonniers ont été correctement traités et protégés, notamment par le lieutenant de l’A.L.N. Les blessés et les morts sont dépouillés de leurs armes et équipements par les villageois des environs.

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Les gorges de Palestro où Ouamrane réussira une embuscade meurtrière contre les

éléments du 9e R.I.C.

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L'organisation de l'armée de libération

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Dès le début de l’insurrection, l’Algérie est partagée en six zones qui deviendront les wilayas, cadres territoriaux et politiques au sein desquels agit l’Armée de Libération Nationale ‘ALN). La valeur combative de ALN, dépend cependant beaucoup des conditions du terrain sur lequel se déroule la lutte. Les plaines d’Oranie sont peu favorables alors que les Aurès, la Kabylie ou l’Ouarsenis se prêtent particulièrement bien à la guérilla. Dans chaque wilaya est nommé un chef. Dans la wilaya 1, qui comprend les régions de Batna, Khenchela, Biskra, Tébessa et Souk-Ahras. Le premier colonel de cette wilaya est Mustapha Ben Boulaïd, « le renard des Aurès », pris par les français puis évadé, mourra finalement en essayant d’émettre à partir d’un poste de radio récupéré mais piégé par le 11e choc. On compte parmi ses successeurs : chérif Mahmoud, un lieutenant déserteur de l’armée française. Au moment de l’indépendance, c’est Si Tahar Sbiri qui en prendra le commandement.

Recouvrant le nord constantinois, la wilaya II coiffe les régions de Constantine, Philippeville et Bône. Commandée initialement par Mourad Didouche, elle perd celui-ci dès janvier 1955. Son successeur Youssef Zighout, disparaît à son tour en septembre 1956. Lakhdar Ben
Tobbal et Ali Kafi lui succèderont. En mai 1955 Ben Tobbal n’hésitera pas à occuper, pendant plusieurs heurs, la ville d’el-Milia et se risquera même à attaquer le PC. Du colonel Ducournau. En août, c’est sur le territoire de cette wilaya qu’auront lieu les massacres de Philippeville et d’El-Halie.

La wilaya III comme la grande Kabylie, est à beaucoup d’égards la plus puissante et la mieux organisée. Confiée initialement à Belkacem Krim, qu’assiste alors Ouamrane, la wilaya Kabyle est commandée ensuite par Mohammed Saïd, un ancien combattant de la L.V.F. qui est lui-même remplacé par Amirouche. Tête et mère de toutes les wilayas, la wilaya III dispose d’un encadrement politique solide. Belkacem Krim, puis Amirouche, seront de redoutables adversaires pour les généraux français, chargés de pacifier la Kabylie.

La wilaya V, qui comme l’Oranie, est d’abord le domaine de Larbi Ben M’midi, puis de Boussouf, à qui succédera le futur colonel Boumediene. Bénéficiant de bases arrières au Maroc, la wilaya d’Oranie sera toujours correctement équipée, mais l’activité militaire demeure généralement faible dans cette zone.

Parent pauvre, la wilaya VI s’étend sur les territoires du Sud, de Boussaâda à Laghouat. C’est dans cette région, traditionnellement fidèle au M.N.A. de Messali Hadj, qu’échouera le général Bellounis, après avoir été chassé de Kabylie par Amirouche et Sadek.

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Messali Hadj, le vieux leader du nationalisme, que le FLN contestera au point de le condamner à mort en 1955

Les combattants de l’A.L.N. se doivent être impitoyables, car il n’y a pas pour eux d’autre issue que la victoire ou la mort. Ils mènent une guerre révolutionnaire contre un ennemi très puissant qui dispose de moyens considérables pour réaliser bouclages et ratissages. Quand une Katiba est localisée, ses jours sont le plus souvent comptés. Traqués le jour par l’aviation, elles doivent se déplacer régulièrement et rapidement de nuit, pour se rendre d’un point à un autre, imposant ainsi une vie difficilement supportable aux combattants. Aussi la discipline est-elle très rigoureuse. La perte d’une arme, voire d’une culasse de fusil, peut signifier la mort du coupable – les tribunaux militaires de l’A.LN. ne connaissent que cette unique sentence ? Purges et épurations ont été nombreuses et ont parfois contribué à détruire le moral de valeureux combattants, favorisant ainsi le ralliement à la France de certaines unités rebelles. Malgré cela l’A.L.N. ne manquera jamais de volontaires.

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Les photos des unités de l'A.L.N. sont rares-pour des raisons évidentes de sécurité.

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Abane Ramdane, est l'homme fort de la rébellion., Et sans doute le plus intelligent. Comprenant l'intérêt politique qu'il y aurait

à rallier Ferhat Abbas et va convaincre les maquisards de l'opportunité d'un tel recrutement.

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Les rebelles trouveront asile en Tunisie et au Maroc. Ils pourront sans danger poursuivre leur entraînement militaire.

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Ben Bella au Caire

Pendant que l'insurection se développait en Algérie, il organisait de l'extérieur le soutien logistique des opérations.

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Au printemps de 1956, les dirigeants de l’insurrection algérienne estiment qu’ils doivent faire le point, redresser certaines erreurs et structurer leur mouvement. C’est le congrès de la Soummam, qui est généralement considéré comme l’événement fondateur de ce qui va peu à peu devenir l’Etat algérien.

En créant la zone autonome d’Alger du F.L.N., le congrès de la Soummam a décidé de porter la guerre en milieu urbain. Les premières bombes explosent dès le 30 septembre au Milk Bar de la rue d’Isly et à la cafétéria de la rue Michelet. Il y a des morts et des dizaines de blessés. On apprendra, par la suite, que les charges ont été transportées par des femmes. Parmi elles, une Européenne Danielle Minne. Les attentats s’enchaîneront, en frappant Alger dans différents points très fréquentés par la population. Le 27 décembre, Amédée Froger qui est président de l’association des maires d’Alger est assassiné. Pour réussir à maîtriser cette explosion de violence et mettre un terme au terrorisme urbain, Robert Lacost décide de confier le pouvoir au général Massu, chef de la 10e division parachutiste, la responsabilité de la sécurité.

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Pour maîtriser l'explosion de la violence à Alger, le pouvoir est confier au général Massu.

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C’est au cours de l’été 1957 que l’A.L.N. atteindra l’apogée de sa puissance. Elle compte alors 40 000 combattants, auxquels on peut ajouter 60 000 Moussebilines qui sont leurs précieux auxiliaires. Les coups portés par l’armée française sont pourtant de plus en plus durs et les espoirs des principaux colonels sont généralement déçus. Belkacem krim, Ouamane, Boussouf, Ben Tobbal se réunissent alors, au début de 1958, pour tirer les leçons des échecs subis.

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Zorah Drif, compagne et agent de liaison de Yacef Saadi.

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La Bataille d'Alger

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C'est en janvier 1957 que débute la "bataille d'Alger" qui va durer 9 mois et au cours de laquelle, à la vague d'attentats du F.L.N. répondent la multiplication des fouilles, des contrôles, des arrestations et pour obtenir des renseignements, l'appel aux indicateurs et même l'utilisation de la torture. Militairement l'efficacité est certaine : l'organisation du F.L.N. à Alger est démantelée et, dans le pays, sa force militaire est très amoindrie. Mais, politiquement l'armée ne peut empêcher la poursuite du terrorisme ni les harcèlements de la guérilla, l'action psychologique est un échec, car les regroupements de population destinés à priver le F.L.N. de ses appuis, la multiplication des contrôles, l'intimidation et la torture provoquent l'hostilité des musulmans. D'autrepart, la terreur que fait régner le F.L.N. contre ceux qui collaboreraient avec les Français, précipite les ralliements volontaires ou forcés.

Au début de janvier 1957, le général Massu dispose de cinq régiments de parachutistes et d’un régiment de Zouaves le 9e, de diverses forces de police et des unités territoriales constituées de civiles Pierds-Noirs placés sous le commandement du colonel Thomazo

Les unités sous les directives de Massu, vont donc pratiquer des interrogatoires de masse. Suffisamment poussés pour reconstituer progressivement l’organigramme de l’adversaire, découvrir ses caches, remonter le fil de ses réseaux. Dans un tel contexte, la torture apparaît comme le recours inévitable. « Mieux vaut faire souffrir passagèrement un bandit que de le laisser massacrer des innocents », tel était l’objectif que se fixait l’autorité.

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Le colonel Bigeard jouera un rôle éminent dans la bataille d'Alger

 

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L’emploi de la torture, en Algérie, a suscité remous et polémiques. Les pratiques sadiques amplement commentées ça et là, n’ont cependant pas été un phénomène généralisé. Elles furent presque toujours le fait d’individualités, voire d’organismes répressifs ou de renseignements agissant dans le cadre des ordres donnés, et couverts par les plus hautes autorités. On n’a jamais autant pratiqué et parlé de la torture que pendant la période où se sont appliqués les « pouvoirs spéciaux », de Guy Mollet et de Robert Lacoste, comme si les décrets avaient tout autorisé et créé un climat pervers.

Massu organise le quadrillage dans le grand Alger. Les paras arrêtent massivement sur renseignements les sympathisants de la rébellion. Par recoupements, ils parviennent à identifier les principaux chefs et démantèlent certains de leurs réseaux. Mais le F.L.N. ne se laisse pas impressionner, Yacef Saadi multiplie les attentats. Plusieurs terroristes sont condamnés à mort – dont le communiste Yveton – sont guillotinés. Ben M’Hidi est arrêté le 23 février. En deux mois la situation est renversée et ce sont maintenant les hommes vêtus de la tenue léopard, qui terrorisent les terroristes.

En juin 1957, l’action terroriste connaît une nouvelle extension, des bombes explosent boulevard Bugeaud faisant un carnage dans la foule massée à un arrêt de bus. Un attentat perpétré au dancing du casino de la corniche suscite la fureur de la population européenne.


Devant la recrudescence des attentats, Lacoste confie de nouveau les pleins pouvoirs à Massu et au colonel Godard. La répression s’accentue et permet de découvrir les soutiens européens des terroristes. Fin août deux des meilleurs agents du F.L.N. sont abattus dans la casbah. Le 23 septembre Yacef Saadi et Zorah Drif sont arrêtés des grandes quantités d’explosifs, sautent avec tout l’immeuble alors que les paras de Bigeard sont sur le point de mettre la main sur le stock. Fin novembre un convoi rebelle, en route pour la Tunisie est intercepté avec plusieurs des poseurs de bombes les plus recherchés.

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La bataille d’Alger se termine sur une victoire incontestable des Français. Soigneusement quadrillée selon les méthodes du colonel Trinquier, la ville va connaître quelques années de répit.

Les paras ont gagné, en huit mois, une immense popularité auprès des Européens. Dotée des pleins pouvoirs, l’armée à appris à mépriser un pouvoir politique qu’elle n’hésitera pas à renverser l’année suivante, en se rangeant aux côtés des émeutiers du 13 mai 1958.

Le F.L.N. trouve refuge au Maroc et surtout en Tunisie. Exaspérés, les militaires se trouvent condamnés à l'escalade : en février 1958, en vertu du"droit de suite" l'aviation française bombarde le village tunisien de Sakhiet Sidi Youssef qui servait de base au F.L.N., faisant 69 morts dont 21 enfants, provoquant une vague d'indignation dans le monde.

Les conséquences de l'aggravation de la guerre d'Algérie sont considérables dans tous les domaines et compromettent à la fois la tentative du Front Républicain et les chances de survie de la IVe République.

La guerre d'Algérie détériore la position internationale de la France. En octobre 1956, le gouvernement prend la décision de frapper l'Egypte qu'il tient pour la " base arrière" du F.L.N. (en effet la délégation extérieure, qui réunit surtout des personnalités politiques, est réfugiée au Caire. D'accord avec les Britanniques et les Israéliens, une opération est montée contre le canal de Suez. L'opération est un succès militaire et un fiasco diplomatique. Suez est prise, de même que Port-Saïde et le régime du colonel Nasser semble, durant quelques heures, au bord de l'effondrement. Mais la France et la Grande-Bretagne sont mises en accusation à l'O.N.U. et, sous la pression Conjointe des Etats-Unis et de l'U.R.S.S. sont contraintes d'évacuer précipitamment la zone du canal.

Cette agression fait sombrer la timide ouverture neutraliste tentée par le gouvernement français. Suspect aux yeux du tiers monde, il fait figure d'accusé devant l'organisation internationale et les représentants français en sont réduits à quitter l'assemblée générale lorsque celle-ci discute de la question algérienne, en invoquant le fait qu'il s'agit d'une affaire spécifiquement française. Anglais et Américains ne le soutiennent pas. Après le bombardement de Sakhiet, ces deux Etats proposent leurs "bons offices" à la France et à la Tunisie, et cette démarche apparaît comme le début d'une internationalisation du problème algérien.

La guerre provoque en France une profonde crise morale. Le conflit suscite un très vif malaise au sein de la jeunesse, du monde étudiant, des Eglises, des intellectuels, des syndicats qui admettent mal de voir le pays engagé dans un conflit contre les aspirations nationales d'un peuple, et l'armée utiliser pour parvenir à ses fins des armes comme la torture. Dans ces milieux, la paix est réclamée avec ardeur, et, parfois, certains petits groupes, très minoritaires ,n'hésitent pas à prendre le parti du F.L.N. et à l'aider dans son combat. Une autre partie de l'opinion est hostile à toute négociation, soit par attachement au maintien de la souveraineté française, soit par hostilité au F.L.N. dont les méthodes de guerre ne sont pas moins cruelles que celles imputées à l'armées française.

Désormais, la vie politique est paralysée. La préoccupation principale est de trouver une issue politique à la crise algérienne par la négociation. Mais ils n'osent faires connaître ouvertement cet objectif, car ils manquent d'autorité pour imposer leurs vues au parlement, aux colons d'Algérie, ainsi qu'à l'armée.

La guerre d'Algérie débouche ainsi sur une crise du régime et sur un véritable éclatement des forces politiques.

* L'heure est, semble-il, propice aux adversaires du régime.

La paralysie des institutions, le désarroi des partis et de l'opinion laissent le champs libre à des forces qui entendent mettre à profit l'impasse algérienne pour se hisser au pouvoir.

* La première est l'extrême droite discréditée depuis 1945, renaît à la faveur de la guerre d'Algérie. Elle se prononce pour un pouvoir autoritaire qui ferait taire par la force les partisans de la négociation, et conduirait une guerre à outrance.

* En métropole, ce courant n'est représenté que par de petits groupes fascisants à l'audience très réduite.

* En Algérie, les tendances d'extrême droite ont toujours connu un très grand succès dans la population européenne. La crainte de voir la République abandonner par faiblesse les départements algériens au F.L.N. renforce encore leur poids.

La tendance "Algérie française" dans la population, donne à des hommes des rêves d' insurrection. Le docteur Martel, l' avocat La gaillarde, le cafetier Ôtez ont un rôle de leaders improvisés. Autour d' eux, la masse des "pieds-noirs" et surtout la jeunesse adhérant à un activisme d' allure très romantique. Ils envisagent un putsch soutenu par l'armée qui, à partir d'Alger, instaurerait en métropole un pouvoir fort décidé à tout subordonner au maintien de l'Algérie française.

* Dans l'armée, un certain nombre d'officiers, surtout des capitaines et des colonels, considèrent que seul un pouvoir fort est susceptible de conduire à la victoire. Traumatisés par la défaite d'Indochine qu'ils ont vécue comme un cauchemar.

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*Très différent est le rôle du gaullisme qui constitue la seconde force pouvant prétendre à la succession de la IVe République. Depuis l'échec et la dissolution du R.P.F. le général de Gaulle s'est retiré de la vie politique, mais il en suit attentivement les développements. Il reste décidé à se présenter comme un recours. Dans cette perspective, il soigne son personnage historique aux yeux de l'opinion publique. la parution de ses mémoires de guerre connaît un succès considérable et contribue à rappeler son souvenir aux Français. La paralysie qui frappe le régime, l'impasse dans laquelle la France se trouve engagée en Algérie, font que son nom est de plus en plus souvent prononcé comme celui de l'homme capable de résoudre une situation qui paraît, pour les autres insoluble. A la différence de l'extrême droite, les gaullistes ne songent pas à un coup de force dirigé par eux contre le régime, mais à utiliser au profit du général de Gaulle la situation que pourrait créer un mouvement subversif déclenché par l'armée ou les activistes. C'est pourquoi ils suivent avec une extrême attention l'agitation de l'extrême droite en France et en Algérie. Léon Delbecque, Chaban-Delmas, se tiennent soigneusement au courant des divers complots qui s'ourdissent contre la IVe République. Jacques Soustelle, l'ancien gouverneur général, désormais fort populaire à Alger, est prêt à mettre son prestige dans la balance pour qu'un éventuel mouvement insurrectionnel débouche sur le retour au pouvoir du général de Gaulle.

Les crises ministérielles s’allongent et les hommes providentiels se mettent aux abonnés absents. Il en découle une durée inhabituelle des interrègnes et une réduction dramatique du nombre des hommes susceptibles de nouer les ficelles plutôt que les alliances. Deux gouvernements ont précédé celui de Pierre Pflimlin qui va chuter devant de Gaulle. Ceux de Maurice Bourgès-Maunoury et de Félix Gaillard tous deux radicaux. Après trois semaines de crise – c’est-à-dire d’hésitation entre René Pléven 35 jours de tour de piste se sont écoulés.

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Ancre 5

Alger le 13 mai 1958

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Pierre Pflimlin boucle son gouvernement, le débat d’investiture est fixé au 13 mai : Le 11 mai Alain de Sérigny, le très influent directeur de l’Echo d’Alger a signé un vibrant et surtout pressant appel au Général de Gaulle. Le lundi 12 se passe dans un bruissement de rumeurs qui font état de complot, de menées séditieuses.

Le 13 mai 1958 à la suite de l'investiture du dirigeant M.R.P. Pierre Pflimlin désigné comme président du Conseil et qui fait connaître son choix en faveur d'une solution négociée en Algérie, une manifestation à Alger débouche sur l'instauration d'un pouvoir insurrectionnel.

Depuis 13 heures, la ville est paralysée par le mot d’ordre de grève générale, dans un silence lourd de menace. Dans le début de l’après midi la foule est dans la rue. Au plateau des Glières et au Forum, que domine l’imposant building blanc du gouvernement général, il est 18h 30 quand les émeutiers assaillent le bâtiment. Un camion serre de bélier sur les grilles. La brèche ouverte, les manifestants se ruent dans les étages. A 20h 45 depuis le balcon du G.G., Massu annonce à la foule : Moi général Massu, je viens de former un comité de salut public […] pour qu’en France soit formé un gouvernement de salut public, présidé par le général de Gaulle. Quant à Pierre Pflimlin, il arrache son investiture à 2h 45, le 14 mai au matin. Peu après le général Salan, investi des pouvoirs civils du maintien de l’ordre par Paris, fait diffuser un appel au calme. L'émeute du 13 mai révèle l'extrême faiblesse du régime. A Paris, le gouvernement Pflimlin, qui a été massivement investi par l'assemblée Nationale, est désemparée et profondément divisé. Le gouvernement paraît totalement dépourvu de moyens d'action. L'armée n'est pas sûre, le chef d'état-major général, le général Ely, démissionne lorsque le gouvernement veut prendre des sanctions contre les généraux d'Alger. Le ministre de l'Intérieur ne peut compter sur la police, noyauté par l'extrême droite et qui manifeste ouvertement sa sympathie à la cause de l'Algérie française et au retour au pouvoir du général de Gaulle.

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Dans cette impasse politique, une série de discours du général de Gaulle va faire évoluer la situation vers la chute du régime et son propre retour au pouvoir. Vers 18 heures, ce même jour, l’A.F.P. diffuse un message signé du général de Gaulle. « Naguère le pays, dans ses profondeurs, m’a fait confiance pour le conduire tout entier jusqu’à son salut. Aujourd’hui devant les épreuves qui montent de nouveau vers lui, qu’il sache que je me tiens prêt à assurer les pouvoirs de la République".

Cette déclaration qui répond à l'appel lancé à Alger par le général Salan est interprétée comme une manifestation de solidarité avec les émeutiers d'Alger et inquiète les Républicains. Le 19 mai le général de Gaulle redresse cette image défavorable et affirme son attachement aux liberté publiques et en rappelle son rôle durant la guerre, le rétablissement de la démocratie, rassurant ainsi ceux qui redoutaient de voir en lui l'homme des généraux d'Alger.

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Le général Raoul Salan, en grand uniforme, lors de la célébration de l'anniversaire du 8 mai 1945, 5 jours avant les événements.

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L'appel au général de Gaulle

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La faillite de la IVe République est patente et sur tous les fronts. Sur le chemin d’un pouvoir qu’ils ne savent plus à qui donner, ils rencontrent le général de Gaulle. L’ermite de Colombey commence par ne pas y croire, mais la situation peu à peu nécessite qu’il intervienne. Il s’agit pour lui et ceux qui l’attendent, d’éviter une crise nationale extrêmement grave. Lorsqu’il accepte la demande du président Coty, de former le nouveau gouvernement, le processus de création de la Ve République est en marche.

Le 29 mai Le général accepte de se présenter devant l’assemblée, il en demandera les pleins pouvoirs pour six mois et les pouvoirs constituants.

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A l'Elysée, le général de Gaulle est reçu par le Président de la République René Coty.

Le 1er juin l'Assemblée Nationale vote l'investiture du gouvernement de Gaulle qui comprend les chefs des principaux partis politiques, des socialistes à la droite. Le lendemain, le général de Gaulle reçoit les pleins pouvoirs et le 3 juin le droit de réviser la constitution.

Le gouvernement constitué par le général de Gaulle a tous les caractères d'un gouvernement d'union nationale. Toutes les grandes familles politiques (socialistes, radicaux et radicalisants de l'U.D.S.R, M.R.P., indépendants Républicains-sociaux) y sont représentées par un nombre identique de ministres.

Le référendum constitutionnel a lieu le 28 septembre 1958. Tous les grands partis politiques, sauf le parti communiste préconisant une réponse positive. Une écrasante majorité de votants 80% approuve la constitution qui fonde la Ve République où le général de Gaulle l'emporte à près de 80%.

Peu après le chef du nouvel Etat en gestation, commence à remettre l’armée « dans son devoir ». Des directives sont adressées au général Salan, précisant que les militaires sont inéligibles et, surtout, qu’ils doivent se retirer des comités de salut public. C’est le début d’une mise au pas qui va durer plus de deux années et connaître un certain nombre de tragédies.

Tandis que les nouvelles institutions de la France se mettent en place, l’armée en Algérie, vient physiquement à bout de la rébellion. A la fin de la guerre conduite par Challe, l’A.L.N. de l’intérieur n’existe pratiquement plus, à l’exception des poches qu’elle tient encore dans les Aurès… La guerre s’est reportée aux frontières et notamment du côté marocain.

Les Algérois découvriront, mais un peu tard, que l’objectif du général est de faire la paix.

Au moment même des événements, dans l’euphorie des créations de comités de salut public, le recours au général de Gaulle est porté par un immense enthousiasme. Comment faire en quelques mois ce qui a été impossible en 130 années ?

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